Secrète et pourtant familière, nourrie d’humanité, de ferveur, de tendresse, soumise aux forces élémentaires et à leurs grandes voix oniriques, la poésie de Louis Guillaume n’en finit pas de prolonger en nous ses résonances fraternelles. Elle nous dit la plénitude et le déchirement, l’élan profond d’une âme en proie à d’impassibles certitudes ; sous les mots quotidiens, trop clairs et trop obscurs, se perpétuent l’attente et l’angoisse d’un homme pris à son piège de vivant. L’amour, la mémoire, l’enfance, la mort, autant de voies, parallèles ou confondues, offertes au poète qui, sa vie durant, n’a cessé d’avancer vers son unique vérité. De cette quête passionnée, toute son œuvre évoque et trace le cheminement. Mais ce veilleur solitaire, que fascinent ses propres rêves et leur germination sans fin, ne s’exile pas pour autant du monde qu’il habite. C’est au contraire avec une merveilleuse humilité qu’il s’ouvre à l’univers des êtres et des choses. Il s’est voulu présent à tout ce qui l’entoure, au songe et au réel, aux autres comme à lui-même, présent aussi à toute vie, à toute mort. Chaque poème en porte témoignage : dans l’évidence de sa parole le poète assume pleinement sa naturelle vocation d’homme.
Pierre GABRIEL